19 nov. 2008

Concorde polychrome à Genève








"...A la demande expresse d'une quarantaine d'ONG, dont UN Watch et Amnesty International, une session extraordinaire devrait se dérouler dès la semaine prochaine sur la situation dans l'est de la République démocratique du Congo..." -- M. Lalive d'Epinay, "Concorde polychrome à Genève," Le Temps, Nov. 19, 2008.

Par Marc Lalive d'Epinay


GENEVE . Offerte par l'Espagne, la fresque de la salle du Conseil des droits de l'homme a été inaugurée hier au Palais des Nations.

Il y a longtemps que le Palais des Nations de Genève n'avait plus accueilli pareil ballet diplomatique: le roi et la reine d'Espagne, le chef du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, son prédécesseur Kofi Annan, le président de la Confédération, Pascal Couchepin, Micheline Calmy-Rey, cheffe du Département fédéral des affaires étrangères, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et bien d'autres. Tous réunis hier matin aux Nations unies pour l'inauguration de la salle XX entièrement rénovée, ils n'ont pas tari d'éloges en découvrant l'œuvre de l'artiste Miquel Barceló, offerte par l'Espagne à l'ONU (LT du 15.11.2008).


L'ONU comme écrin

Devant un parterre de 700 invités, le secrétaire général de l'ONU a remercié le peintre pour «son chef-d'œuvre innovateur et rayonnant». «Les couleurs apparaissent différemment selon l'endroit où vous êtes assis, de la même manière que les pays et les peuples ont des perspectives différentes sur les défis que nous devons affronter», a déclaré le secrétaire général.

Et l'œuvre d'art justement? Une coupole multicolore, une voûte de 900 m2 d'où tombent des stalactites. Une création qui évoque à la fois une mer agitée et une grotte marine. Le peintre majorquin Miquel Barceló, présent lors de cette inauguration, compare son ouvrage «à l'écume blanche des eaux agitée de la houle. Le fond de cette mer et ses habitants polychromes».

Lors de son allocution, Pascal Couchepin a remercié l'Espagne pour le «cadeau extraordinaire» offert à l'ONU et à Genève. «Nous sommes reconnaissants à l'Espagne d'avoir fait de Genève l'écrin de cette œuvre magistrale», a commenté le président de la Confédération. Il a aussi confié son émerveillement devant «les jeux optiques» de la coupole.

Au-delà des discours laudatifs et des considérations sur l'art se jouait hier une partition plus politique. Il a notamment été question des relations multilatérales. Dans son discours, le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a longuement souligné l'importance de l'initiative pour «l'alliance des civilisations» lancée par l'Espagne avec la Turquie en septembre 2004. Cette initiative de José Luis Zapatero vise à renforcer le dialogue entre le monde occidental et les pays arabes (lire ci-contre).

La polémique perdure

Ce cadeau ne fait pourtant pas que des heureux. En cause, son financement. En effet, la rénovation totale de la salle XX, rebaptisée «salle des Droits de l'homme et de l'alliance des civilisations», a coûté 20 millions d'euros (30,3 millions de francs). Un montant qui provoque une vive polémique en Espagne, la droite reprochant au Ministère des affaires étrangères d'avoir prélevé 500000 euros sur les fonds de l'aide au développement pour financer une partie de ce don aux Nations unies.

Au total, le gouvernement Zapatero a réglé 40% de la facture. De grandes entreprises espagnoles ont pour leur part participé à hauteur de 60%, via une fondation baptisée Onuart. Cette somme comprend le financement de l'œuvre: 30 tonnes de peinture, le matériel, les salaires des intervenants, ainsi que les honoraires de l'artiste qui se monteraient à près de 6 millions d'euros (9,1 millions de francs), selon des indiscrétions. Le reste inclut le prix des travaux de réaménagement de la salle, l'ameublement et les équipements high-tech.

Session extraordinaire sur le conflit en RDC?

La nouvelle salle devait accueillir sa première session des Droits de l'homme au mois de décembre. Elle pourrait connaître un baptême du feu plus rapide. A la demande expresse d'une quarantaine d'ONG, dont UN Watch et Amnesty International, une session extraordinaire devrait se dérouler dès la semaine prochaine sur la situation dans l'est de la République démocratique du Congo.

Original URL: http://www.letemps.ch/template/regions.asp?page=7&article=244338

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