25 janv. 2012

La Ligue arabe en pointe à l'ONU face à Assad



"Une pétition a été lancée à la mi-décembre par l'ONG UN Watch. Selon celle-ci, une quinzaine de pays, dont les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne et le Qatar se sont mobilisés pour tenter de revenir sur la décision du 11 novembre et exclure Damas des deux comités concernés." — Le Figaro, 25 janvier, 2012.


Par Alain Barluet


L'organisation panarabe demande à Ban Ki-moon de pouvoir s'adresser au Conseil de sécurité pour rendre compte des graves aléas de la mission des observateurs et de présenter leur plan de paix.

Affaiblie sur le terrain par le départ des observateurs des pays du Golfe, la Ligue arabe privilégie désormais ses efforts à l'ONU. L'organisation panarabe a fait parvenir en début de semaine une lettre à Ban Ki-moon pour lui demander de pouvoir s'adresser au Conseil de sécurité. Il s'agirait, selon le souhait de la Ligue arabe, de permettre à son secrétaire général, Nabil el-Arabi, et au premier ministre du Qatar, Hamad Ben Jassim al-Thani, de rendre compte des graves aléas de la mission des observateurs et de présenter leur plan de paix. Cet accord de sortie de crise a été dévoilé le week-end dernier par la Ligue. Le «briefing» au Conseil de sécurité pourrait avoir lieu dans les prochains jours, éventuellement par vidéoconférence. Toutefois, parce qu'il prévoit une mise à l'écart de Bachar el-Assad, cette proposition arabe a été immédiatement rejetée par la Russie.


Du côté de la Ligue, on explique le blocage par la Syrie de toutes les initiatives arabes, notamment un premier plan pourtant accepté le 2 novembre, rend indispensable la saisine du Conseil de sécurité. L'idée est de ne pas relâcher les efforts, jusqu'à présent largement vains, pour forger une résolution condamnant Damas. Les Occidentaux, qui ne souhaitent pas apparaître en première ligne pour ne pas braquer davantage la Russie, travaillent actuellement avec le Qatar et d'autres délégations arabes à un projet de résolution qui viendrait appuyer le nouveau plan de la Ligue arabe. Ce projet de texte, sur lequel la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne sont à la manœuvre, appelle à suivre l'exemple de la Ligue arabe en imposant des sanctions au régime syrien. Les marges de manœuvres restent plus qu'étroites, la Russie ayant réaffirmé mercredi qu'elle ne bougerait pas d'un pouce.

Émoi à l'Unesco
«Nous ne pouvons pas soutenir une proposition de sanctions imposées unilatéralement sans consultation avec la Russie et la Chine qui deviendrait ensuite une décision du Conseil de sécurité», a dit mercredi Sergueï Lavrov après des entretiens avec son homologue turc à Moscou. Selon le chef de la diplomatie russe, une telle décision serait malhonnête et contre-productive.

Parallèlement, un autre front s'est ouvert contre la Syrie à l'Unesco. Le 11 novembre dernier, le Conseil exécutif de l'organisation des Nations unies pour la science et la culture élisait la Syrie à deux de ses comités en charge des droits de l'homme, sur proposition des pays arabes. Une décision prise par consensus des 58 pays membres du Conseil, dont les États-Unis et la France. Ceci, alors que la répression battait son plein en Syrie. La directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, s'en était émue, sans pouvoir agir contre un choix des pays membres. Une pétition a été lancée à la mi-décembre par l'ONG UN Watch. Selon celle-ci, une quinzaine de pays, dont les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne et le Qatar se sont mobilisés pour tenter de revenir sur la décision du 11 novembre et exclure Damas des deux comités concernés. La semaine dernière toutefois, le secrétariat du Conseil exécutif n'avait pas été officiellement saisi, en vue de sa prochaine réunion, prévue fin février.

Original URL: http://www.lefigaro.fr/international/2012/01/25/01003-20120125ARTFIG00705-la-ligue-arabe-en-pointe-a-l-onu-face-a-assad.php

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