Une résolution parrainée par les États-Unis éreinte la candidature syrienne
Par Hillel Neuer
GENÈVE, 4 juillet – Au cours de cette dernière décennie, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a élu à sa présidence la Libye du colonel Mouammar Kadhafi, acclamé la « promotion et la protection de tous les droits de l'homme » au Sri Lanka, après que son armée a tué des milliers de civils, et convoqué une session extraordinaire d'urgence pour déplorer la mort du cheikh Ahmed Yassin, fondateur de l'organisation terroriste du Hamas.
Aujourd'hui, pourtant, les historiens devront décider si l'organisation phare des droits de l'homme de l'ONU est sur le point de descendre plus bas encore.
Un projet de résolution américain avertit que le régime meurtrier de Bachar al-Assad s'est porté candidat pour un siége au Conseil des droits de l'Homme composé de 47 nations. La résolution, soutenue par l'UE, a été débattue lors de réunions informelles au Conseil à Genève. Les 193 membres de l'Assemblée Générale de l'ONU procéderons aux élections l'année prochaine .
C'est ainsi que les pays non-démocratiques comme la Chine, Cuba, la Russie et l'Arabie saoudite ont reçu leurs sièges actuels et c'est de la même manière que le Pakistan et le Venezuela sont sur le point d'en faire de même.
Les craintes de voir la Syrie l'emporter - lors d'une élection en 2013 pour un poste à compter de l'année suivante - semblent avoir mobilisé les États-Unis et l'Union européenne au point de prendre une mesure sans précédent, à savoir demander au Conseil de déclarer d'avance qu'un pays candidat, ici la Syrie, ne puisse, en soi, rejoindre ses rangs.
Dans une résolution aux termes vigoureux condamnant le gouvernement syrien qui commet des atrocités, ce qui doit d'ailleurs faire l'objet d'un vote ce vendredi, le paragraphe 14 « souligne que la candidature annoncée par le gouvernement syrien actuel au Conseil des droits de l'homme pour 2014 ne répond pas aux normes requises pour être membre de ce Conseil » telles qu'elle sont définies dans sa charte fondatrice. Que la Syrie soit candidate a été une révélation majeure.
Ce qui est choquant, c'est qu'il y a eu une forte résistance contre la tentative tout à fait logique d'écarter la Syrie de l'organisation des droits de l'homme la plus importante au monde.
Dans les discussions d'aujourd'hui, Cuba s'est
déclarée « totalement opposée » et a exigé la suppression de ce
paragraphe, une position rapidement reprise par la Chine. C'est à l'Assemblée
générale de décider qui élire, a affirmé la Havane.
« Nous n'aimons pas parler des candidatures
de pays », a ajouté l’Égypte. Le Brésil a soutenu qu'évoquer la composition du
Conseil n'était « pas du tout du domaine de la résolution ».
La Russie a insisté pour qu'aucune mesure ne soit prise avant que la candidature de Bachar el-Assad ait été présentée officiellement. De la même manière, l'Inde a estimé que la question était « prématurée ».
Toutefois, comme l'ont indiqué les Américains,
le registre public montre le contraire. En effet, la Syrie a déclaré sa
candidature officielle début 2011, à l'époque environ où les tueries ont
commencé.
Ce n'est qu'après que UN Watch a révélé la demande de Bachar el-Assad et a organisé une coalition internationale d'associations des droits de l'homme pour la combattre que les démocraties occidentales se sont ralliées à la cause, en exerçant de fortes pressions sur les pays d'Asie. À la dernière minute, le 11 mai de l'année dernière, un accord était annoncé : le Koweït remplacerait la Syrie.
L'ambassadeur de Bachar el-Assad à l'ONU,
Bachar Jaafari, a précisé cependant, que son pays n'avait accepté que « de
reporter le moment où serait déposée notre candidature », déclarant qu'ils
allaient se présenter pour ce poste aux élections de 2013 pour un mandat de
trois ans.
Son homologue koweïtien a confirmé l'accord. « Nous avons convenu d'échanger les dates » a déclaré l'ambassadeur Mansour Ayyad Alotaibi. « La Syrie ne se retire pas » a-t-il dit à des journalistes.
Mais une fois que l'inscription du Koweït a
mis fin à la controverse, pas un seul, jusqu'à présent, n'avait prêté attention
au fait que la Syrie se présenterait bientôt à nouveau.
Bien qu'il soit vraiment difficile d'imaginer comment les Asiatiques pourraient permettre à la Syrie d'être l'un de ses candidats, compte tenu de toutes les horreurs qui sont commises, le fait est que c'est ce qu'ils ont fait l'an dernier, ne changeant d'avis qu'après un intense lobbying.
Qui plus est, en novembre dernier la Syrie a remporté à l'unanimité son élection à deux comités des droits de l'homme de l'UNESCO, l'agence de l'ONU pour l’Éducation, la Science et la Culture.
Bien que le régime de Bachar el-Assad ait été suspendu de la Ligue arabe, les ambassadeurs de ces mêmes nations auprès de l'UNESCO à Paris ont refusé de permettre que les objections faites au bilan d'un pays en matière de droits l'homme interférent dans leurs accords de rotation faits en coulisses – de peur qu'un jour ce précédent puisse être utilisé contre eux -. Ils ont choisi la Syrie comme candidat et celle-ci a été dûment élue.
Après que UN Watch a également fait campagne
contre ce scandale, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont tenté de mettre en
place des mesures pour y remédier. Pourtant, malgré tous leurs efforts, ce club
de vieux copains n'a pu être persuadé d'expulser l'un d'entre eux. La Syrie
reste un membre à part entière du comité de l'UNESCO pour juger les plaintes en
matière de droits de l'homme, ainsi qu'un membre de son comité chargé de
traiter avec les organisations des droits de l'homme.
Et, à moins que les efforts louables de l'Amérique réussissent, la Syrie pourrait bientôt obtenir également un siège au sein de l'organisation des droits de l'homme la plus importante au monde.
Et, à moins que les efforts louables de l'Amérique réussissent, la Syrie pourrait bientôt obtenir également un siège au sein de l'organisation des droits de l'homme la plus importante au monde.
Traduit par DesInfos
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