14 mai 2012

ONG : le renouvellement du poste de la Commissaire aux droits de l'homme Pillay devrait être précédé par un débat public sur son bilan


Genève, 14 mai 2012  — A la suite de l'annonce faite par Ban Ki-moon de son soutien à une prolongation de deux ans du poste de la Commissaire aux droits de l'homme Navi Pillay, une ONG de surveillance affirme que la décision a été prise  -en attendant la validation officielle de l'Assemblée Générale des Nations Unies- sans consultation publique comme il se doit, ni discussion saine sur le bilan des quatre années de son mandat. 

« Quand on est en charge d'un poste de cette envergure au niveau mondial et qu'on exige de tous les gouvernements du monde transparence et responsabilité, on devrait montrer l'exemple aux autres » a déclaré Hillel Neuer, avocat international et directeur de l'ONG basée à Genève, UN Watch ; « mais ce n'est pas ce que nous avons vu aujourd'hui ». 



Selon l'étude de UN Watch sur le bilan de Pillay de 2008 à 2010, on peut se poser des questions quant à son aptitude à donner la priorité aux situations les plus urgentes. La 2ème partie de l'étude révèlera sans doute quelques progrès sur la période 2010-2012 mais les données concernant les deux premières années de Pillay comme Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme montrent ce qui suit : 
UN Watch a examiné toutes les déclarations du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, publiées sur le site de l'ONU entre septembre 2008 et juin 2010. Durant cette période, Mme Pillay a omis de s'adresser aux pires violateurs des droits de l'homme dans le monde.

  • Elle n'a fait aucune déclaration sur la situation des droits de l'homme dans 146 pays. Elle a omis d'exprimer une quelconque préoccupation pour les victimes des 34 pays classés « non libres » par Freedom House, c'est-à-dire les pays avec les pires bilans et dont les victimes sont dans la pire des détresses. 

  • Elle a aussi omis de critiquer 50 pays classés « partiellement libres » et 63 pays classés « libres ». Parmi les pays qui n'ont pas reçu de critiques se trouvent : l'Algérie, l'Angola, l'Azerbaïdjan, le Bahreïn, le Bélarus, Brunei, le Cambodge, le Cameroun, le Congo (Brazzaville), la Côte d'Ivoire, Cuba, la Guinée équatoriale, l'Érythrée, le Gabon, la Jordanie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Laos, la Mauritanie, la Corée du Nord, Oman, le Qatar, le Rwanda, l'Arabie Saoudite, le Soudan, le Swaziland, la Syrie, le Tadjikistan, la Tunisie, le Turkménistan, les Émirats arabes unis, l'Ouzbékistan et le Vietnam. 

  • L'Iran a été ignoré : Mme Pillay n'a jamais condamné l'usage de la violence, pourtant bien documenté, contre les manifestants à la suite des élections présidentielles de juin 2009. Son premier commentaire est apparu trois mois après les premiers rapports et les preuves vidéo montrant les forces paramilitaires pro-gouvernementales qui procédaient à des arrestations arbitraires et qui frappaient et tuaient des manifestants. En outre, son appel au gouvernement iranien pour « la libération des personnes arrêtées dans des manifestations pacifiques, la mise en place d'une enquête sur les mauvais traitements subis et le respect des droits de l'homme » a eu lieu uniquement dans le cadre de son traditionnel discours d'ouverture à la session du Conseil des droits de l'Homme de septembre 2009. Elle n'a pas donné de conférence de presse et elle a choisi de ne pas publier de déclaration spécifique sur cette question. 

  • Complaisance envers le Golfe : dans « un effort sans précédent pour s'engager » avec les pays arabes, Mme Pillay a fait une tournée de dix jours des six pays arabes du Conseil de la Coopération du Golfe (CCG) du 17 avril au 26 avril 2010. Ses déclarations publiques au cours de cette tournée ou par la suite ont été très positives et très indulgentes. Bien que le Haut Commissaire ait soulevé certaines préoccupations, il n'y a pas eu de discussion véritable sur la situation des Droits de l'homme dans ces pays. Quand il est arrivé que Mme Pillay évoque une préoccupation relative aux droits de l'homme, elle a choisi de faire l'éloge des progrès en cours dans le pays plutôt que de citer ou de mettre en évidence des cas concrets de violations en cours. 

  • En Syrie, les violations croissantes sont ignorées : au cours de cette période, le gouvernement syrien a continué à réprimer les minorités et à restreindre la liberté d'expression et de réunion, malgré les promesses d'une plus grande transparence faites par le président Bachar El Assad. En juillet 2010, les deux célèbres avocats des droits de l'homme, Haytham al-Maleh et Muhannad al-Hasani ont été condamnés par une juridiction militaire pour avoir critiqué les autorités syriennes sur les droits de l'homme. En mars 2010, l'armée syrienne a fait irruption au domicile du leader kurde Abdel Hafez Abdel pour l'arrêter et a aussi arrêté des journalistes, des blogueurs et des écrivains qui avaient dénoncé les abus et la corruption du gouvernement. Pourtant, le haut-commissaire n'a condamné aucun de ces événements et au cours de son mandat elle n'a fait aucun commentaire public sur la situation des droits de l'homme en Syrie.

Traduit par Danilette 

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