Discours d'Abidine Merzough au 5ème Geneva Summit
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de pouvoir vous informer sur mon pays natal, la Mauritanie. Après l’Iran et le Pakistan, la Mauritanie est le troisième pays au monde qui se définit par République Islamique. Mais, c'est juste un leur, un mensonge, en réalité ce pays, la Mauritanie, n’a rien d’islamique. Il est admis chez les connaisseurs de l’islam que la vraie religion islamique, comme toute autre source divine, est juste, égalitaire, sociale, paisible et non violente.
En Mauritanie, la forme locale de l’Islam est totalement contraire à ses principes humanistes. Depuis des siècles, en Mauritanie, le mode de vie de la société est basé sur l’esclavage par naissance, le racisme, l’exclusion et le rejet de tous ceux qui sont noirs. La Mauritanie est un pays d’hypocrisie, de mensonges et d’injustice. C’est le pays de l’apartheid vécu en Afrique du sud, avec la seule différence qu’en Mauritanie cet apartheid n’est pas régit par des lois écrites et promulguées par l’état. Même si ces lois existent et s’appliquent dans le quotidien du mauritanien. Ces lois sont visibles et vécues par la moitié de la population (les Hratins).
En Mauritanie, aujourd’hui, en 2013, la communauté Haratins (terme désignant les noirs descendants d’esclaves et anciens esclaves, d’origine africaine) est victime des pratiques esclavagistes atroces que le monde civilisé avait connues par le passé. Néanmoins, ce phénomène persiste encore en Mauritanie, grâce à une alliance vil, entre deux entités constituées de maitres esclavagistes: d’un coté, un clergé (Imam, érudits, savants de sciences religieuses) dont la tache est de légiférer sur l’esclavage par des Fatwa religieux tirés d’un code noir établit aux 9eme-15eme Siècles par des chasseurs d'hommes noirs. Et de l’autre coté un pouvoir qui piétine le droit humain et les normes universelles et protège les esclavagistes en refusant l’application des lois abolissant et criminalisant l'esclavage.
Mesdames et Messieurs,
Excusez moi de vous donner un gout amère de ce que le code noir esclavagiste avait défini et que le clergé en Mauritanie défend aujourd’hui par toute ses forces. Le clergé est soutenu, bien sûr, par les autorités du pays. Ainsi permettez-moi de vous citer quelques préceptes idéologiques, enseignés encore dans toutes les écoles religieuses du pays:
1 L’esclave est la propriété du maitre, c’est son patrimoine, sa chose et son héritage.
2 L’esclavage se transmet par la naissance.
3 La femme esclave doit entretenir son maître par son corps.
4 Le maître est permis de vendre ou acheter son esclave ou une partie de son corps (Bras, Jambes,..)
5 La femme esclaves ne doit pas couvrir son corps devant le regard de son maître.
6 L'enfer est promis à l'esclave qui n'obéit pas à son maître
7 Le maître peut vendre ou marier son esclave à qui il veut et à tout moment.
8 Le maître peut mettre fin au mariage de son esclave chaque fois qu'il le souhaite.
9 Interdiction pour un esclave ou descendant d'esclaves de diriger la prière
10 Le maître peut à tout moment entretenir des rapports sexuels avec son esclave du genre féminin.
Mesdames et Messieurs,
Ma présence devant vous, aujourd'hui, est le résultat d'une histoire exceptionnelle et singulière en Mauritanie. Malgré que je suis mauritanien et fils d’anciens esclaves, j’ai eu la chance d’être formé dans de grandes écoles allemandes. En effet, c’est grâce à mon père, illettré, né de parents esclaves, qui avait refusé la soumission à l’esclavage dés son jeune âge. Sa rébellion contre ses maitres lui a valu l’affranchissement. Plus tard en 1975 il dirigera un soulèvement d’esclaves dans son village qui finira en 1980 par la libération totale d’une communauté de harratines d’environs 300 familles.
Je me rappelle encore de cette journée historique de1975, ou la communauté des maitres avait refusé l’inscription des enfants esclaves dans la nouvelle et unique école du village, arguant que leur éducation est contraire à la religion et aux coutumes de la société mauritanienne. Mon père, alors, n'avait pas réussi à convaincre les haratines d’inscrire leurs enfants dans cette école. C’est ainsi que seulement ma sœur, deux cousins et moi-même, nous avions pu être scolarisés en même temps que les fils des maîtres.
Mesdames et Messieurs,
La Mauritanie est le seule pays au monde qui a eu plus de 5 lois, décrets ou circulaires juridiques pour abolir l’esclavage traditionnel, mais toutes ces démarches sont restées sans effets. Ces lois en réalité n'avaient pour objectifs que de mettre fin aux critiques de la communauté internationale. Avec ces lois la Mauritanie espère seulement sauver son image extérieure, mais jamais la mise en application de ces lois.
Aujourd’hui l’esclavage touche environs 20% de la population, équivalant à 600 milles des membres de la communauté haratine; en premier lieu les enfants et les femmes en sont victimes. Notre ONG IRA a découvert des centaines de cas d’esclavage avérés, qui ont été portés devant les autorités judicaires, mais tous ces dossiers ont été classés sans suites. Les 10 derniers cas sont récents de 3 semaines, donc en 2013.
Depuis l’indépendance de 1960, tous les régimes qui se sont succédé en Mauritanie ont tous nié la persistance de l’esclavage dans ce pays. Les défenseurs des droits de l’homme ont été poursuivi et persécuté. Avec la fin de la dictature en 2005 un espoir d’amélioration de la situation a été enregistré. D’un jour à l’autre c’est toute la Mauritanie qui parle de l’esclavage, demande la justice et l’égalité. C’est ainsi que la première loi criminalisant l’esclavage a été promulguée 2007. Mais avec le putsch de l’actuel chef de l’état, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, en 2008 contre un président démocratiquement élu, les choses ont brusquement changé : toute la Mauritanie a fait un pas vers l’arrière. Le pouvoir s'interdit de nouveau de reconnaitre la persistance de l’esclavage. Les esclavagistes ont ainsi repris leur souffle. Et Les anti-esclavagistes, que nous sommes, sont traités comme étant des ennemis de la nation et de l’islam ; ils sont des espions à la solde du MOSSAD israélien.
Le chef de l’Etat organise des sorties dans les médiats d’états pour déclarer que l’esclavage n’a jamais existé en Mauritanie et que les défenseurs des droits de l’homme ne sont que des perturbateurs de l’ordre social et doivent être jugés et punis sévèrement selon la Charia islamique. Dans un pays comme la Mauritanie ou le chef suprême, le président, initie des marches populaire pour réclamer les têtes des anti-esclavagistes, des marches que lui-même supervise et accueille en héros devant la présidence, il est utopique de s’attendre à l’application de la loi criminalisant et réprimant la pratique de l’esclavage.
Mesdames et Messieurs,
Pour illustrer le racisme contre les noirs en Mauritanie referez vous aux nominations des cadres et personnels du pays dans l’ensemble des institutions: administration, gouvernement, diplomatie, armée, sécurité, police, sociétés publiques, etc. Dans tous les cas, sans exceptions, c’est un seule groupe ethnique, en l’occurrence Baydhane (les arabo - berbères), qui est majoritairement représenté à plus de 80%. L’homme noir, lui, se contentera souvent des postes sans importance et les charges pénibles.
Le régime de la Mauritanie a également entrepris une stratégie dans le système éducatif qui a pour but de garder les haratines dans l’ignorance. Les zones habité majoritairement pars les hartines ne bénéficient d’aucune attention des autorités. Les enseignants, souvent de la communauté des maitres esclavagistes, abandonnent les écoles des l’ouverture scolaire et ils ne seront jamais sanctionnés. Les esclavagistes inscrivent leurs enfants dans les établissements privés et écoles d’élites ou les enfants des pauvres n’y accèdent pas. Le résultat de ce système éducatif discriminatoire est que seulement les enfants arabo-berbères accèdent aux études universitaires et formerons les cadres pour gérer le pays.
Mesdames et Messieurs,
Avant de finir je lance un appelle au monde civilisé et libre de faire la pression sur la Mauritanie de respecter ces engagements devant la communauté internationale, d’appliquer les lois, d’instaurer la justice et l’égalité dans le pays.
La communauté internationale ne devra pas se laisser tromper ou manipuler par un régime donc le souci premier est la protection et la survie des esclavagistes. Les autorités mauritaniennes sont experts de la manipulation des données et des réalités. La Mauritanie actuelle ne mérite pas être élue vice-président du conseil de droits de l’homme, car la situation de l’esclavage est la même qu’il y a 50ans, avant l’indépendance du pays.
Nous appelons aux donateurs de l’aide au développent de lier leurs aides aux projets en relation directe avec les esclaves et les pauvres, de travailler avec les ONG actives dans le domaine. Nous demandons des reformes du système éducatif qui cibles les populations défavorisées.
Je vous remercie pour votre attention
Abidine Merzough
Coordinateur de IRA-Europe
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire