12 juin 2013

UN Watch attaque le Rapporteur spécial de l'ONU, Richard Falk, après que celui-ci exige qu'il y ait une "enquête"

Témoignage de Hillel Neuer, Directeur exécutif d'UN Watch, Conseil des droits de l'homme des Nations unies, « Dialogue interactif avec le Rapporteur spécial Richard Falk », 10 Juin 2013.


M.Falk, dans la première page de votre rapport, vous attaquez mon ONG et demandez à ce Conseil d'initier une enquête afin de nous interdire.

Est-ce que votre rapport invoque un crime quelconque ? Non, vous vous bornez à vous élever contre ce que nous disons. Nous sommes le seul organisme de surveillance de l'ONU et nous rapportons ce que vous dites. En représailles, vous tentez maintenant de nous faire taire pour éviter d'être tenu responsable.

La véritable question est de savoir si votre travail, mené sous la bannière des droits de l'homme, absout, en réalité, les auteurs d'actes terroristes et les disculpe.

Pièce A, que voici : ce livre de David Ray Griffin, la bible pour ceux qui blâment l'Amérique à la place d'Al-Qaïda pour les attentats du 11 septembre 2001. Niez-vous que c'est votre nom sur la couverture et que vous saluez l'auteur pour sa « force d'âme », son « courage» et son « intelligence » ? 

Comprenez-vous pourquoi le Secrétaire général Ban Ki-moon, apparaissant dans cette salle en janvier 2011, a prononcé une condamnation sans précédent envers expert de l'ONU, quand il a qualifié vos remarques, je cite, de « grotesques, et un affront à la mémoire de plus de trois milles personnes qui sont mortes dans cette tragique attaque terroriste » ?

Pièce B: "The Wandering Who» - ndlr « Le Qui Errant », en référence à l'expression « The wandering Jew », Le Juif errant » - un livre condamné comme étant antisémite même par le premier de vos propres partisans, Ali Abunimah de l'Electronic Intifada. Niez-vous que, encore une fois, c'est votre nom sur la couverture qui l'avalise ? Comprenez-vous pourquoi le Foreign Office britannique vous a officiellement accusé de racisme, à de multiples reprises ?

Pièce C: Votre article d'il y a deux mois, tenant pour responsable de l'attaque terroriste de Boston qui a fait plus de trois cents  victimes, des morts et des blessés graves, je cite, « le projet américain global de domination du monde et 'Tel Aviv'. » Niez-vous avoir justifié les attentats comme étant une forme, je cite, de « résistance » ?

Comprenez-vous pourquoi le Secrétaire général a annoncé qu'il rejetait vos commentaires, disant, je cite, qu'ils « portent atteinte à la crédibilité et au travail de l'Organisation des Nations unies »? Et pourquoi cette condamnation a été reprise par la Grande-Bretagne, le Canada, les États-Unis, et bien d'autres ?

Lorsque nous avons récemment présenté tout cela à l'attention de Human Rights Watch, vous avez été expulsé de son comité dans les vingt-quatre heures.

Enfin, selon un câble révélé par Wikileaks, le 16 Février 2009, le délégué palestinien à ce Conseil s'est plaint à son homologue américain au sujet de votre soutien pour le Hamas, en disant qu’ « il avait appelé Falk personnellement et lui avait demandé de démissionner, ce que Falk a refusé avec colère ».

Donc, M. Falk, n'hésitez pas à enquêter sur nous, je vous en prie - et  à enquêter sur le Secrétaire général, la Grande-Bretagne, le Canada, les États-Unis, Human Rights Watch et l’État de Palestine. Je vous remercie, Monsieur le Président.

Le Président du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, Remigiusz Henczel :

Je vous remercie, M. le Représentant de United Nations Watch. Mais comme je l'ai mentionné, il ne devrait y avoir aucune attaque personnelle contre le Rapporteur spécial.

Les Conclusions de Richard Falk (qui réitère son appel à « enquêter » sur UN Watch) :

Enfin, les propos diffamatoires qui ont été répétés ce matin ne font que souligner l'importance qu'il y a à mener une enquête pour savoir si une ONG qui est accréditée auprès de l'ONU a la responsabilité d'aborder ce qui est au cœur de ses préoccupations et non pas de s'efforcer de détourner l'attention des questions urgentes examinées dans le rapport.

Et ce qui est le plus désolant, c'est le fait que les fonctionnaires de l'ONU n'ont pas vraiment protégé le Rapporteur spécial, ni son mandat, face à une telle diffamation.

Et cela me semble suggérer qu'il est nécessaire, non seulement dans mon cas, mais en général, de protéger les Rapporteurs spéciaux dans leurs efforts faits pour s'acquitter du fardeau de leur mandat qui est de protéger des peuples vulnérables dans la mesure du possible et de le faire aussi consciencieusement qu'ils le peuvent, souvent dans des circonstances difficiles.

Le Président du Conseil des droits de l'homme de l'ONU :

M. le Rapporteur spécial, chers collègues, permettez-moi de vous rappeler à tous que, conformément à la résolution 5/1 les seuls critères pour qu'une ONG participe au Conseil des droits de l'homme est que l'ONG soit dotée du statut consultatif auprès de l'ECOSOC – ndlr Conseil économique et social des Nations unies -. Par conséquent, la responsabilité qu'ont les ONG dotées du statut consultatif auprès de l'ECOSOC relève du Comité des ONG de l'ECOSOC.

Par ailleurs, je continue à encourager les ONG à discuter des problèmes avec le niveau approprié de dignité et de respect. Cela signifie et implique que nous allons tous devoir respecter et tolérer les arguments et les idées exprimées par d'autres et qui peuvent parfois être déplaisants à entendre.

Traduit par Hélène Keller-Lind, Desinfos

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