UN
Watch affirme que l’examen de 2010 a avorté et s'oppose à son adoption aujourd'hui
le rapport est «odieux» et à «refaire»
GENÈVE, 14 Mars 2012 - Un rapport
des Nations unies louant
la performance du régime de Kadhafi en matière de droits de l’homme fera
aujourd'hui l’objet d’une audience finale en séance plénière, avant d'être
formellement adopté la semaine prochaine par le Conseil des droits de l'homme,
suscitant l'indignation des militants des droits de l'homme de UN Watch et
d'Amnesty International États-Unis.
La Libye a été examinée par le conseil le
9 Novembre 2010 et le rapport, truffé de louanges pour le régime de
Kadhafi, devait être adopté pendant la session de mars 2011.
Toutefois, la
vive protestation de l’organisme
non-gouvernemental de surveillance UN
Watch, qui a aussi mené avec succès l'an dernier une campagne d’ONG pour retirer la Libye du
Conseil des droits de l'homme de l’ONU, a fait les
manchettes du New York Times
et d'autres médias dans le monde entier, poussant
l’ONU, embarrassée, à reporter l'adoption du rapport à 2012.
« L’examen du régime de Kadhafi par le Conseil fut une fraude et devrait
être déclaré nul et non avenu », a déclaré Hillel Neuer, directeur général de UN Watch.
De même, Suzanne Nossel, directrice
générale d'Amnesty International Etats-Unis et ancienne haute fonctionnaire en matière des
droits de l’homme dans le gouvernement Obama, a récemment décrit le rapport de l'ONU comme étant «odieux»
et à « refaire ».
Malgré sa propre enquête, réalisée cette année, qui a constaté des preuves de crimes de
guerre commis par le régime de Kadhafi, le Conseil des droits de l’homme de
l’ONU tiendra aujourd'hui une audience finale sur
le résultat de l'examen de la Libye, qui sera
officiellement adopté la semaine prochaine.
L’effet principal de ce
rapport, a déclaré Neuer aujourd'hui, « a été à de louer à tort le régime
oppressif de Kadhafi, d’insulter ses victimes et de nuire à la réputation de
l'ONU ».
« Le rapport
contredit complètement la propre commission d'enquête du Conseil, qui a
constaté des preuves de crimes de guerre commis par Kadhafi. L'examen devrait
être entièrement refait et le Conseil devrait donner un exemple d’imputabilité
en reconnaissant que son examen initial était profondément vicié ».
« Bien que le
mécanisme d'examen périodique universel (EPU) soit souvent décrit comme la
grâce salvatrice du Conseil, la grande majorité des membres du Conseil
l’utilise pour louer à tort la prétendue promotion des droits de l'homme
par le régime de Kadhafi», a déclaré Neuer.
Le rapport fait
également l'éloge de la performance de l'ancien régime par des diplomates
transfuges nommés sous l'ère Kadhafi et
qui représentent désormais le nouveau gouvernement. « Alors que les diplomates de la
Libye à l'ONU admettent que le régime de Kadhafi violait grièvement les droits
de l’homme, il serait absurde que l'ONU adopte ce faux rapport», a déclaré
Neuer.
« Nous appelons le
président du Conseil à reconnaître que l'examen de la performance du régime de
Kadhafi était une fraude, à retirer le rapport et à programmer une nouvelle
session dans laquelle les membres du Conseil diraient la vérité sur les crimes
odieux du régime de Kadhafi, lesquels ont été commis au cours de quatre
décennies, mais ont été ignorés par l'ONU », a déclaré Neuer. « Les victimes de la Libye qui ont
longtemps souffert ne méritent rien de moins ».
Le sommaire du rapport
des Nations Unies note que les délégations « félicitent la Jamahiriya
arabe libyenne » et qu'elles « ont pris note avec satisfaction de
l'engagement du pays à respecter les droits de l'homme sur le terrain».
Chronologie
: la campagne de UN Watch
pour retirer la Libye du Conseil des droits de l'homme
- Mai 2010 : UN Watch mène la protestation de 37 ONG à la veille de l'élection de la Libye au
Conseil à l’occasion d’un événement tenu au siège de l'ONU à New York
largement rapporté par les médias, ainsi qu’une campagne de courriers
électroniques de masse. Les
pays sont instamment invités à s'opposer à la candidature de Kadhafi. Or, l'ONU élit au scrutin secret la Libye avec
une majorité écrasante
de 155 votes sur 192 à l’Assemblée générale de l’ONU. UN Watch met en garde à la télévision suisse que le gouvernement de Kadhafi
est un "régime meurtrier et
raciste." Pas un
seul pays ne se prononce contre la candidature de la Libye ou de son
élection.
- Septembre 2010 : La Libye prend son siège au
Conseil. UN Watch lance un campagne mondiale, soutenue par 30 ONG et des victimes des violations libyennes pour le retrait du régime de Kadhafi. Pour confronter les Libyens en séance plénière, UN Watch présente Bob Monetti , dont le fils
âgé de 20 ans a été assassiné lors de l’attentat libyen contre le vol Pan
Am 103 en 1988; Mohamed Eljahmi, frère du dissident
assassiné Eljahmi Fathi; Kristyana Valcheva, l'une des cinq
infirmières bulgares qui ont été piégées, emprisonnées et torturées
pendant huit ans, faussement accusées d’avoir inoculé le VIH à des
enfants; Ashraf El-Hajouj, le médecin palestinien
piégé et torturé avec les infirmières. Les Libyens et leurs régimes alliés interrompent grossièrement les
orateurs. L'incident et l'appel des
victimes à retirer la Libye du Conseil sont largement rapportés dans des
articles de Voice of America et de l'Agence France Presse dédiés à la
question, ainsi que dans un article-vedette de la revue suédoise Neo. « Le
Conseil des droits de l’homme légitime le ‘régime meurtrier’ de Kadhafi," rapporte Radio
Nederland à propos de la campagne de UN Watch. Toutefois, le Conseil onusien et ses États membres gardent le
silence.
- Novembre 2010: Lorsque le bilan catastrophique de la Libye en
matière des droits humains est abordé dans le cadre de la procédure
d'examen universel du Conseil, UN Watch renouvelle son appel au retrait du régime Kadhafi. L'appel est rapporté par la DPA allemande, Swissinfo et ailleurs. Toutefois,
le Conseil onusien et ses États gardent le silence.
- 21 février 2010: Travaillant en étroite
collaboration avec le dissident libyen Mohamed Eljahmi - qui sonne
l'alarme sur les atrocités massives commises par le régime de Kadhafi – UN
Watch dirige un appel international lancé par 70 groupes de droits
humains pour le retrait de la Libye. Cet appel pour que l’ONU agisse est rapporté dans
le monde entier. Trois jours plus tard, l'UE demande une
session extraordinaire du Conseil
des droits de l’homme, mais ne parvient pas à contester l'adhésion de la
Libye au Conseil.
UN Watch a été la
principale voix aux Nations unies à contester pendant plusieurs années les
violations libyennes des droits de l’homme. Pour visionner nos vidéos, cliquez ici.
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