22 mars 2012

L'ONU demande au Sri Lanka d'enquêter sur le conflit

     

Hillel Neuer, directeur d'UN Watch a salué l'adoption du texte, bien que tardif, en regrettant que son contenu ait été atténué pour qu'il puisse obtenir une majorité. L'ONG relève que le Sri Lanka conserve le dernier mot sur la possibilité d'une supervision par l'ONU des procédures d'enquête et de poursuites judiciaires. 
— SDA/ ATS, 22 Mars 2012.



Le Sri Lanka a été mis en demeure jeudi à Genève par le Conseil des droits de l'homme d'agir de manière crédible afin de juger les auteurs de violations et de promouvoir la justice et la réconciliation. L'adoption d'une résolution présentée par les Etats-Unis a été saluée comme un pas important pour lutter contre l'impunité.

Trois ans après la fin de la guerre civile et l'éallimination par la force de la guérilla des Tigres de libération tamoule (LTTE) dans le nord et l'est du Sri Lanka, les Etats-Unis, soutenus par l'Union européenne, ont poussé à l'adoption du texte en provoquant l'ire des autorités de Colombo.
"Les Etats-Unis, de concert avec la communauté internationale, ont envoyé un signal fort" pour dire que "le Sri Lanka ne pourra atteindre une paix durable qu'à travers une véritable réconciliation et l'établissement des responsabilités", s'est félicitée la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton dans un communiqué publié à Washington, en invitant Colombo au dialogue.

La résolution a été adoptée par 24 voix contre 15 (Bangladesh, Chine, Congo, Cuba, Equateur, Indonésie, Koweït, Maldives, Mauritanie, Philippines, Qatar, Russie, Arabie saoudite, Thaïlande, Ouganda) et huit abstentions. Tous les pays occidentaux (dont la Suisse), plusieurs pays latino-américains et africains ainsi que l'Inde ont voté pour.

Le texte affirme que le rapport de la commission nationale d'enquête, publié par le Sri Lanka en novembre, ne traite pas de manière adéquate des graves allégations de violations des droits de l'homme, commises il y a trois ans.

Plan d'action détaillé

Le document demande aux autorités de Colombo de prendre des mesures crédibles et concrètes pour établir les responsabilités, assurer la justice et la réconciliation pour tous les Srilankais. Elles doivent présenter un plan d'action détaillé dans les meilleurs délais.

Le Haut Commissariat aux droits de l'homme est chargé de fournir une assistance technique et de faire rapport au Conseil des droits de l'homme dans un an. La résolution exhorte les autorités de Colombo à coopérer avec l'ONU, ce à quoi Colombo s'est opposé jusqu'ici, au nom de sa souveraineté nationale.

Soutenu par Cuba, la Russie et la Chine notamment, le représentant du Sri Lanka Mahinda Samarasinghe a jugé que la résolution est "injustifiée" et arrive "au mauvais moment". Il a dénoncé le fait que son pays soit "ciblé de manière sélective" et a souligné qu'il a besoin de temps pour réaliser des progrès.

Forte mobilisation

Les débats au Conseil sur le Sri Lanka ont provoqué une forte mobilisation des deux camps. Des milliers de Tamouls, le 5 mars, et un millier de partisans du gouvernement, le 19 mars, avaient manifesté à Genève devant le siège de l'ONU.

L'an dernier, des enquêteurs de l'ONU ont accusé Colombo d'avoir causé des "dizaines de milliers de morts" lors de l'offensive finale des troupes gouvernementales contre les Tigres tamouls, et commis de graves violations des droits de l'homme.

Plusieurs ONG ont salué l'adoption du texte par le Conseil des droits de l'homme. Pour Juliette De Rivero, directrice d'Human Rights Watch (HRW) à Genève, "cette résolution est un progrès important vers l'établissement des faits. Les pays membres du Conseil ont reconnu que le Sri Lanka n'a pas pris de mesures concrètes", a-t-elle dit, en critiquant aussi la campagne sans précédent de harcèlement lancée par les autorités de Colombo pour empêcher l'adoption du texte à Genève.

"Le moment est venu pour le Sri Lanka de passer à l'action et pour le Conseil des droits de l'homme de continuer à suivre attentivement la situation", a déclaré le représentant de la Commission internationale de juristes (CIJ) Alex Conte. Amnesty International (AI) a salué "un pas positif" et "une occasion de mettre fin à l'impunité".

Maintenir la pression

Le directeur de la Campagne pour la justice et la paix au Sri Lanka, Fred Carver, a affirmé que l'adoption du texte est "un excellent point de départ, mais il ne s'agit que d'un premier pas". "Il faut maintenir la pression", a-t-il dit, en ajoutant que le besoin d'une commission internationale d'enquête indépendante, refusée depuis toujours par le Sri Lanka, reste actuel.

Hillel Neuer, directeur d'UN Watch a salué l'adoption du texte, bien que tardif, en regrettant que son contenu ait été atténué pour qu'il puisse obtenir une majorité. L'ONG relève que le Sri Lanka conserve le dernier mot sur la possibilité d'une supervision par l'ONU des procédures d'enquête et de poursuites judiciaires.


Le Conseil des droits de l'homme a aussi décidé jeudi de prolonger le mandat du rapporteur de l'ONU sur l'Iran par 22 voix contre cinq et 20 abstentions. Il a en outre une nouvelle fois condamné, sans vote, les violations des droits de l'homme en Corée du Nord. 

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