L'Assemblée générale vote ce mercredi pour pourvoir deux sièges occidentaux auxquels sont candidats deux autres membres de l'Union européenne, l'Espagne et la Grande-Bretagne."...Pour le directeur de UN Watch, Hillel Neuer, les élections automatiques, faute de concurrence, «prêtent une crédibilité internationale à des gouvernements répressifs qui violent systématiquement les droits de leurs propres citoyens»..." -- UN Watch Executive Director Hillel Neuer quoted in J.L. Turlin, "Conseil des droits de l'homme : la France en concurrence," Le Figaro, May 20, 2008.
Par Jean-Louis Turlin
La France a mené une campagne active pour convaincre la majorité des 191 autres pays membres des Nations unies de voter pour elle dans le match à trois qui la met en concurrence avec l'Espagne et le Royaume-Uni, pour deux des sept sièges du groupe occidental au sein du Conseil des droits de l'homme. Plusieurs tours de scrutin pourraient être nécessaires ce mercredi 21 mai à New York pour départager les trois candidats.
A priori, Paris a un argument de plus à faire valoir pour le renouvellement de son mandat : celui d'assumer prochainement la présidence de l'Union européenne. «Dans ce qui est avant tout un domaine de compétences communautaires, il est important que la présidence soit membre», précise l'ambassadeur français à l'ONU, Jean-Maurice Ripert.
Mais c'est un argument de circonstance : avec une présidence tournant tous les six mois, on voit mal l'Union européenne imposer six candidats successifs pour un mandat de trois ans, d'autant que les sept sièges réservés aux occidentaux sont ouverts à des non-Européens. Le Canada est membre jusqu'en 2009 et les Etats-Unis ne resteront pas éternellement en dehors du Conseil qu'ils boudent depuis qu'il a succédé en 2006 à l'ancienne Commission des droits de l'homme.
Candidats «qualifiés» et candidats «douteux»
Les trois occidentaux se battront à armes égales, faisant partie, parmi vingt candidats pour quinze sièges renouvelables sur 47, des douze pays jugés «qualifiés» par deux organisations non gouvernementales, Freedom House et UN Watch.
Les appréciations des deux ONG n'ont qu'une valeur indicative : pour sa réélection, le Brésil, jugé «douteux», ne sera pas concurrencé par l'Argentine ni le Chili, classés «qualifiés», le nombre de candidats pour le bloc Amérique latine ne dépassant pas celui des sièges à pourvoir (sur 8).
Fortement encouragée au nom de la démocratie, la candidature de la Bosnie à l'un des six sièges de l'Europe de l'Est avait, l'an dernier, barré la route in extremis au Belarus. C'est hélas l'exception qui trop souvent confirme la règle. Pour le directeur de UN Watch, Hillel Neuer, les élections automatiques, faute de concurrence, «prêtent une crédibilité internationale à des gouvernements répressifs qui violent systématiquement les droits de leurs propres citoyens».
«Le concept français de laïcité n'est pas compris»
L'examen périodique, qui passe en revue la performance de chacun des 192 États membres de l'ONU en matière de respect des droits de l'homme, est en revanche une innovation à mettre au crédit de la nouvelle institution. Celui que vient de subir la France a stigmatisé la surpopulation de ses prisons vétustes et la loi interdisant le foulard islamique à l'école, parmi d'autres points faibles les droits des immigrants et les centres de rétention. «Le concept français de laïcité n'est pas compris et a besoin d'être expliqué sans relâche», a commenté l'ambassadeur pour les droits de l'homme, François Zimeray, qui n'a pas ménagé ses efforts auprès des différentes délégations lors de ses voyages à New York.
Illustration parfaite de la difficulté : la résolution que le Conseil a adoptée le 27 mars dernier sur «la lutte contre la diffamation des religions». «En France, en droit, on connaît la diffamation, on connaît la liberté de religion, on ne connaît pas la diffamation des religions», explique Jean-Maurice Ripert. Le représentant permanent de la France à l'ONU ajoute que «dans toutes nos interventions, nous disons «liberté de religion et de conviction», ce qui signifie qu'on peut ne pas avoir de religion». On touche là au problème des valeurs propres à certains groupes qui, pour fondamentales qu'elles puissent être dans leurs sociétés, n'entrent pas nécessairement dans le corpus des droits de l'homme universels.
La France a cependant marqué des points en se montrant active dans la stratégie du dialogue et de la coopération qui a succédé à «la condamnation pour la condamnation» : «Si l'on se remet à délivrer des messages et distribuer des bonnes notes du haut en bas, ou plutôt du Nord vers le Sud, on échouera», estime Jean-Maurice Ripert à propos du nouveau Conseil. Et s'il «n'y a pas de patrie des droits de l'homme», Paris rappelle à toutes fins utiles que c'est dans son fief qu'a été signée la fameuse déclaration universelle, il y aura soixante ans à la fin de l'année.
Original URL: http://www.lefigaro.fr:80/international/2008/05/20/01003-20080520ARTFIG00574-conseil-des-droits-de-l-homme-la-france-en-concurrence.php
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