Par Hillel C. Neuer
Genève -- Lors de la conférence d'Annapolis, l'Organisation des Nations unies s'est retrouvée à la périphérie. Pourtant, il y a 60 ans, le 29 novembre 1947, c'est bien au centre du processus diplomatique que l'ONU se trouvait quand elle a voté la création de deux Etats, l'un arabe et l'autre juif, nés de l'ancien mandat britannique de Palestine. Aujourd'hui, l'organisation mondiale devrait fêter ce noble chapitre de son histoire. Au lieu de cela, elle choisit le deuil.
Le plan de partage de 1947 de l'Assemblée générale de l'ONU incarnait une approche équilibrée. Il reconnaissait à la fois aux peuples juif et arabe palestinien le droit à l'autodétermination.
Genève -- Lors de la conférence d'Annapolis, l'Organisation des Nations unies s'est retrouvée à la périphérie. Pourtant, il y a 60 ans, le 29 novembre 1947, c'est bien au centre du processus diplomatique que l'ONU se trouvait quand elle a voté la création de deux Etats, l'un arabe et l'autre juif, nés de l'ancien mandat britannique de Palestine. Aujourd'hui, l'organisation mondiale devrait fêter ce noble chapitre de son histoire. Au lieu de cela, elle choisit le deuil.
Le plan de partage de 1947 de l'Assemblée générale de l'ONU incarnait une approche équilibrée. Il reconnaissait à la fois aux peuples juif et arabe palestinien le droit à l'autodétermination.
Pourtant, l'ONU s'est rapidement éloignée de cet équilibre. L'Union soviétique, qui a approuvé le texte de 1947, ainsi que ses Etats satellites, se sont rapidement tournés contre Israël. Les pays arabes sont devenus plus nombreux -- plus de 20 pays -- et ont été rapidement soutenus par une majorité automatique à l'Assemblée générale formée par les Etats du tiers-monde nouvellement indépendants. C'est dans ce contexte qu'en 1975, une résolution de l'ONU, sponsorisée par une campagne arabo-soviétique, a associé officiellement le sionisme à une forme de racisme.
Puis, près de trente ans après le vote du plan de partage, le 2 décembre 1977, l'ONU choisit de modifier l'histoire en déclarant le 29 novembre "Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien". Le texte de 1947 mentionnait le mot "juif" -- tout comme il mentionnait le mot "arabe" -- plus de 40 fois : le peuple juif, les terres juives, l'Etat juif. Mais cette fois-ci, en 1977, les droits des Juifs étaient entièrement effacés de la narration. Pire encore, au lieu de mettre en place des initiatives constructives vers des solutions concrètes au problème palestinien, cette commémoration annuelle se résume à une accumulation d'attaques virulentes contre l'Etat d'Israël.
Et cette année encore, le jour de son 60e anniversaire, le 29 novembre a été commémoré à l'ONU par des intervenants soigneusement choisis qui, les uns après les autres, ont violemment dénigré l'Etat hébreu.
Au siège européen de l'ONU à Genève, le discours d'ouverture de la cérémonie du secrétaire général Ban Ki-moon, lu par un représentant, a déploré " les indignités et la violence de l'occupation et du conflit que les Palestiniens continuent à endurer". Son message a également mentionné les Israéliens qui ont perdu la vie suite au conflit. Néanmoins, il a majoritairement pointé du doigt l'Etat d'Israël. Ensuite, Prasad Kariyawasam, le président sri-lankais du Comité spécial chargé d'enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l'homme du peuple palestinien, a accusé Israël de commettre des "punitions collectives" à Gaza. L'extrême brutalité du Hamas à l'encontre des civils palestiniens et israéliens a été passée sous silence. Saad Alfarargi, le représentant de la Ligue arabe, a dénoncé, quant à lui, les "attaques impitoyables perpétrées quotidiennement par Israël", "la politique d'oppression" de l'Etat hébreu et "son mur de l'apartheid".
Avec une telle approche, au lieu de promouvoir un dialogue bilatéral constructif, la coopération et les relations amicales entre les nations, l'ONU encourage indirectement des incitations unilatérales à la violence, la haine et le ressentiment.
Cette année encore, les communautés juives ont donc été les seules à fêter le plan de partage du 29 novembre 1947. Certains diront qu'il n'y a là rien d'étonnant. Après tout, en ce jour de 1947, ce sont les Juifs qui, de Tel-Aviv à Buenos Aires, ont dansé dans les rues. Deux ans après l'extermination d'un tiers du peuple juif durant la Shoah - et après 2 000 ans d'apatridie, d'exil et de persécution - le droit fondamental du peuple juif à l'autodétermination était un rêve devenu réalité.
Les Arabes, quant à eux, ont rejeté immédiatement le plan de 1947 : "Mon pays ne reconnaîtra jamais une telle décision", a déclaré la Syrie, faisant écho à ses pairs et instiguant ainsi les émeutes sanglantes lancées dès le lendemain. Ces événements violents ont été suivis par l'ouverture des hostilités des forces irrégulières contre la communauté juive de Palestine. Puis, lorsque les Britanniques se sont retirés le 14 mai 1948, les armées égyptienne, syrienne, libanaise, transjordanienne et irakienne ont envahi l'Etat d'Israël, nouvellement créé.
A la lueur de ces événements, est-il vraiment étonnant de voir que seuls Israël et une bonne partie du monde juif ont fêté le 60e anniversaire du plan de partage onusien?
Etonnant, certes pas, mais décevant.
Tout d'abord, nous devrions être déçus par l'ONU. Le plan de partage a consacré les efforts significatifs de l'ONU et s'est révélé être un grand accomplissement pour l'instance mondiale. L'ONU a agi noblement en créant deux Etats ; le fait que les Arabes palestiniens aient tragiquement rejeté la première occasion de leur histoire de se gouverner eux-mêmes ne décrédibilise en rien cette honorable réalisation.
Deuxièmement, nous devrions être déçus par les Palestiniens et les Etats arabes. On nous assure souvent que leur rejet historique de l'existence d'un Etat juif à leurs côtés est le vestige d'une époque révolue. Nous avons le droit, par conséquent, d'espérer aujourd'hui que les choses soient différentes qu'en 1947.
Or, en choisissant de traiter la journée du 29 novembre comme une catastrophe, les pays arabes et l'ONU remettent profondément en cause leur attachement déclaré à la solution de deux Etats. En préférant les lamentations aux célébrations festives du 29 novembre, l'organisation encourage implicitement des appels à la haine tel que celui qui a été lancé dernièrement par le Hamas pour l'annulation de la résolution de 1947 et l'élimination de tout Etat juif.
Cette approche biaisée limite le potentiel même de l'organisation. Afin de retrouver la place centrale qu'elle a un jour occupée dans le processus de paix au Proche-Orient, l'organisation mondiale doit d'abord revenir à une position plus équilibrée.
En 1947, une très imprévisible convergence s'est produite lorsque deux grands ennemis, les Etats-Unis et l'Union soviétique, ont joint leurs efforts pour soutenir la solution à deux Etats.
A l'occasion du jubilé de diamant du plan de partage, espérons que les portes s'ouvrent devant l'opportunité d'une nouvelle avancée historique. Un rendez-vous de l'Histoire que tous les intéressés ne doivent pas manquer.
Hillel C. Neuer est le directeur général de UN Watch, une organisation non gouvernementale située à Genève.
Puis, près de trente ans après le vote du plan de partage, le 2 décembre 1977, l'ONU choisit de modifier l'histoire en déclarant le 29 novembre "Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien". Le texte de 1947 mentionnait le mot "juif" -- tout comme il mentionnait le mot "arabe" -- plus de 40 fois : le peuple juif, les terres juives, l'Etat juif. Mais cette fois-ci, en 1977, les droits des Juifs étaient entièrement effacés de la narration. Pire encore, au lieu de mettre en place des initiatives constructives vers des solutions concrètes au problème palestinien, cette commémoration annuelle se résume à une accumulation d'attaques virulentes contre l'Etat d'Israël.
Et cette année encore, le jour de son 60e anniversaire, le 29 novembre a été commémoré à l'ONU par des intervenants soigneusement choisis qui, les uns après les autres, ont violemment dénigré l'Etat hébreu.
Au siège européen de l'ONU à Genève, le discours d'ouverture de la cérémonie du secrétaire général Ban Ki-moon, lu par un représentant, a déploré " les indignités et la violence de l'occupation et du conflit que les Palestiniens continuent à endurer". Son message a également mentionné les Israéliens qui ont perdu la vie suite au conflit. Néanmoins, il a majoritairement pointé du doigt l'Etat d'Israël. Ensuite, Prasad Kariyawasam, le président sri-lankais du Comité spécial chargé d'enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l'homme du peuple palestinien, a accusé Israël de commettre des "punitions collectives" à Gaza. L'extrême brutalité du Hamas à l'encontre des civils palestiniens et israéliens a été passée sous silence. Saad Alfarargi, le représentant de la Ligue arabe, a dénoncé, quant à lui, les "attaques impitoyables perpétrées quotidiennement par Israël", "la politique d'oppression" de l'Etat hébreu et "son mur de l'apartheid".
Avec une telle approche, au lieu de promouvoir un dialogue bilatéral constructif, la coopération et les relations amicales entre les nations, l'ONU encourage indirectement des incitations unilatérales à la violence, la haine et le ressentiment.
Cette année encore, les communautés juives ont donc été les seules à fêter le plan de partage du 29 novembre 1947. Certains diront qu'il n'y a là rien d'étonnant. Après tout, en ce jour de 1947, ce sont les Juifs qui, de Tel-Aviv à Buenos Aires, ont dansé dans les rues. Deux ans après l'extermination d'un tiers du peuple juif durant la Shoah - et après 2 000 ans d'apatridie, d'exil et de persécution - le droit fondamental du peuple juif à l'autodétermination était un rêve devenu réalité.
Les Arabes, quant à eux, ont rejeté immédiatement le plan de 1947 : "Mon pays ne reconnaîtra jamais une telle décision", a déclaré la Syrie, faisant écho à ses pairs et instiguant ainsi les émeutes sanglantes lancées dès le lendemain. Ces événements violents ont été suivis par l'ouverture des hostilités des forces irrégulières contre la communauté juive de Palestine. Puis, lorsque les Britanniques se sont retirés le 14 mai 1948, les armées égyptienne, syrienne, libanaise, transjordanienne et irakienne ont envahi l'Etat d'Israël, nouvellement créé.
A la lueur de ces événements, est-il vraiment étonnant de voir que seuls Israël et une bonne partie du monde juif ont fêté le 60e anniversaire du plan de partage onusien?
Etonnant, certes pas, mais décevant.
Tout d'abord, nous devrions être déçus par l'ONU. Le plan de partage a consacré les efforts significatifs de l'ONU et s'est révélé être un grand accomplissement pour l'instance mondiale. L'ONU a agi noblement en créant deux Etats ; le fait que les Arabes palestiniens aient tragiquement rejeté la première occasion de leur histoire de se gouverner eux-mêmes ne décrédibilise en rien cette honorable réalisation.
Deuxièmement, nous devrions être déçus par les Palestiniens et les Etats arabes. On nous assure souvent que leur rejet historique de l'existence d'un Etat juif à leurs côtés est le vestige d'une époque révolue. Nous avons le droit, par conséquent, d'espérer aujourd'hui que les choses soient différentes qu'en 1947.
Or, en choisissant de traiter la journée du 29 novembre comme une catastrophe, les pays arabes et l'ONU remettent profondément en cause leur attachement déclaré à la solution de deux Etats. En préférant les lamentations aux célébrations festives du 29 novembre, l'organisation encourage implicitement des appels à la haine tel que celui qui a été lancé dernièrement par le Hamas pour l'annulation de la résolution de 1947 et l'élimination de tout Etat juif.
Cette approche biaisée limite le potentiel même de l'organisation. Afin de retrouver la place centrale qu'elle a un jour occupée dans le processus de paix au Proche-Orient, l'organisation mondiale doit d'abord revenir à une position plus équilibrée.
En 1947, une très imprévisible convergence s'est produite lorsque deux grands ennemis, les Etats-Unis et l'Union soviétique, ont joint leurs efforts pour soutenir la solution à deux Etats.
A l'occasion du jubilé de diamant du plan de partage, espérons que les portes s'ouvrent devant l'opportunité d'une nouvelle avancée historique. Un rendez-vous de l'Histoire que tous les intéressés ne doivent pas manquer.
Hillel C. Neuer est le directeur général de UN Watch, une organisation non gouvernementale située à Genève.
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