Par Blaise Lempen
Genève (ats) — Le Conseil des droits de l'homme reprend lundi à Genève pour une session de deux semaines. Près de six mois après son inauguration le 19 juin, le nouvel organe doit encore faire ses preuves et montrer sa capacité à défendre toutes les victimes.
Alors que plusieurs ONG ont déjà critiqué la politisation et la partialité du Conseil, comme ce fut le cas ces dernières années pour la Commission des droits de l'homme, son président l'ambassadeur mexicain Luis Alfonso de Alba reste confiant.
"Les critiques portent sur le fait que le Conseil a consacré trois sessions spéciales au Proche-Orient. Je pense qu'elles étaient pleinement justifiées. Des sessions sur d'autres crises peuvent fort bien avoir lieu à l'avenir", a-t-il affirmé jeudi aux journalistes.
Résolutions sur le Darfour
Plusieurs ONG, comme Human Rights Watch, ont regretté que le Conseil ait été incapable jusqu'ici de prendre une initiative sur les atrocités au Darfour et au Tchad. Un texte suffisamment fort pour être utile n'aurait pas recueilli de majorité.
Lundi et mardi, le Conseil doit discuter d'une vingtaine de résolutions, dont l'examen avait été reporté au dernier jour de la seconde session régulière, le 6 octobre, en l'absence de consensus.
Parmi elles, deux textes sur le Darfour, l'un présenté par la Finlande au nom de l'UE, l'autre par l'Algérie. Les négociations se poursuivent pour trouver un dénominateur commun.
Pour le directeur d'UN Watch Hillel Neuer, le bloc des pays musulmans et non-alignés impose sa loi au Conseil. Dans un rapport publié cette semaine, l'ONG évalue à seulement douze pays (les Européens, dont la Suisse, plus le Canada et le Japon) sur les 47 membres du Conseil ceux qui font preuve d'un réel engagement pour les droits de l'homme.
Le président Alfonso de Alba rejette les accusations de sélectivité, mais insiste sur le fait qu'il faut davantage de dialogue entre les groupes régionaux. Il demande aux diplomates de ne pas en rester à la logique des blocs et de faire preuve d'une plus grande flexibilité.
Divergences
L'ambassadeur reconnaît que "des divergences" sont apparues au sein des groupes de travail chargés de revoir les mandats de la quarantaine de rapporteurs spéciaux et d'élaborer le nouveau mécanisme d'examen universel des Etats.
Mais il fait valoir qu'"il est trop tôt pour tirer des conclusions". Les groupes de travail feront rapport la semaine prochaine sur l'état des discussions; toutefois aucune décision n'est attendue à ce stade, puisqu'ils poursuivront leurs débats en janvier.
Sous l'impulsion notamment d'un ambassadeur de Cuba hyperactif, les pays non-alignés souhaiteraient supprimer les rapporteurs spéciaux par pays pour ne laisser subsister (excepté pour Israël) que les mandats par thème. Quant à l'examen de chaque pays, ils proposent qu'il soit réalisé uniquement par les gouvernements, une règle excluant les informations des ONG qui rendrait l'exercice complètement futile.
Pas une option
"Nous devons aboutir au renforcement des procédures. Ce n'est pas une option que d'affaiblir la capacité de l'ONU à agir dans ce domaine", avertit le président du Conseil. "Il faut donner aux droits de l'homme les outils nécessaires pour qu'ils aient une place plus importante", insiste M. de Alba.
Il précise qu'en l'absence de consensus d'ici là, la date-limite pour une décision est fixée au 18 juin, soit dans le délai d'un an prévu par la résolution de l'Assemblée générale de l'ONU du 15 mars 2006 pour décider de toutes les règles de fonctionnement du Conseil.
Lors de la session, prévue jusqu'au 8 décembre, la Haut Commissaire Louise Arbour informera de sa visite en Israël et dans les territoires palestiniens. Le rapport, publié mardi, de la commission d'enquête sur la guerre au Liban sera également discuté, ont indiqué les Nations Unies.
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