"...De même, l'organisation U. N. Watch estime à 49% la proportion d'Etats non démocratiques représentés dans le Conseil. «C'est moins que dans la Commission, où ils étaient 55%», ironise son directeur Hillel Neuer..." -- A. Marcovitch, "A peine élu, le Conseil onusien des droits de l'homme ne convainc pas," Le Figaro, May 11, 2006.
Plusieurs Etats non démocratiques ont été élus pour siéger au sein du nouvel organe.
Par Aude Marcovitch
IL N'Y A RIEN DE NOUVEAU sous le soleil onusien des droits de l'homme. La liste des Etats membres du nouveau Conseil, élus avant-hier par l'Assemblée générale de l'ONU, fait amèrement penser à la précédente Commission des droits de l'homme, dont le nouvel organe était pourtant censé faire oublier le discrédit. Parmi les 47 pays choisis selon une répartition en groupes régionaux, des Etats aussi peu regardants vis-à-vis des droits humains que la Chine, Cuba et l'Arabie saoudite ont obtenu leur entrée dès le premier tour du scrutin. D'autres comme le Pakistan, la Tunisie, l'Algérie ou la Russie ont aussi été élus.
Au vu du résultat du vote, deux analyses s'affrontent désormais. Pour les pays européens et la majorité des organisations de défense des droits de l'homme, on a échappé au pire. Ainsi l'Iran n'a pas passé la rampe de l'élection. D'autres Etats régulièrement épinglés pour leur triste expérience en matière de violations des droits de l'homme, le Zimbabwe, le Soudan ou la Biélorussie, ont préféré ne pas faire acte de candidature. Enfin, le Venezuela, grand pourfendeur de la réforme des Nations unies, a été défait lors du vote.
Reporters sans frontières s'insurge
«Nous sommes heureux que la France, l'Angleterre et l'Allemagne aient été bien élus. Proportionnellement, l'Union européenne dispose désormais de plus de sièges dans le nouveau Conseil», commente Jean-Maurice Ripert, représentant de Paris auprès des organisations internationales à Genève. L'ambassadeur ajoute que le système électoral choisi (un vote à la majorité de l'Assemblée générale) ne pouvait que favoriser les grands pays qui, comme la Chine et la Russie, disposent d'un vaste réseau d'influence.
D'autres espèrent que les innovations du Conseil, comme l'examen universel ou les sessions plus fréquentes, donneront un nouveau souffle au mécanisme. «Lors des réunions préparatoires, on sent un changement d'état d'esprit. Il y a moins de confrontation», avance Jean-Maurice Ripert.
Face à cet optimisme de bon aloi, les partisans d'une réforme plus radicale du système onusien de défense des droits de l'homme ne décolèrent pas. «Dix pays qui violent massivement les droits des journalistes et la liberté d'expression ont été choisis pour garantir la protection des droits de l'homme dans le monde : c'est scandaleux et laisse présager du pire», s'est insurgée l'association Reporters sans frontières. De même, l'organisation U. N. Watch estime à 49% la proportion d'Etats non démocratiques représentés dans le Conseil. «C'est moins que dans la Commission, où ils étaient 55%», ironise son directeur Hillel Neuer. Pour les Etats-Unis, qui avaient renoncé à présenter leur candidature, la composition du Conseil renforce leur méfiance à l'égard de la nouvelle institution. «Le nouvel habillage par l'ONU de son organisme des droits de l'homme, soi-disant nouveau et amélioré, relève de la farce», a asséné Ileana Ros-Lehtinen, membre républicain de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants. Ouverture de l'arène le 19 juin.
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