"...Pour Hillel Neuer, le directeur exécutif de ‘UN Watch’, une ONG basée à Genève mandatée pour s’assurer que l’ONU se conforme bien aux obligations qui lui incombent en matière de droits de l’homme, « la résolution menace dangereusement la liberté d’expression partout, même si elle n’est pas juridiquement contraignante »..." -- UN Watch featured in Yvan Eisenbachs "Offense à l'Islam = violation des droits de l'Homme ?," Guysen International, March 15 2009.
Par Yvan Eisenbach
Mercredi 11 mars, le Pakistan, au nom des pays musulmans membres de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI), a présenté un projet de résolution devant le 10e Conseil des droits de l’homme des Nations Unies visant à ce que tout questionnement sur le dogme islamique soit considéré comme une violation des droits de l’homme. Le texte a pour objectif de faire taire toutes les voix dissidentes et encourager l’imposition forcée de la Sharia, la loi islamique. En d’autres termes, ce projet de résolution vise à criminaliser toute tentative de ‘diffamation de l’Islam’.
Intitulé « Combattre la diffamation des religions » le projet de résolution ne mentionne cependant que l’Islam. Selon le texte, la diffamation de l’Islam constitue « un grave affront à la dignité humaine » pouvant « inciter à la haine religieuse et à la violence ». À ce titre, il met en garde contre les « graves implications de l’islamophobie».
Le texte dénonce aussi « l’intensification d'une campagne générale de diffamation » visant à ce que l’Islam soit « fréquemment et à tort associé à des violations des droits de l'homme et au terrorisme » ainsi que la diffusion « d’images négatives de certaines religions dans les médias ».
Revenant sur le climat de l’après 11 Septembre, le texte évoque ainsi le « contrôle sélectif sur une base ethnique ou religieuse des minorités musulmanes ». Plus récemment, l’affaire des caricatures de Mahomet en 2005 est considérée comme une source « d’inquiétude » pour les musulmans.
Pour Hillel Neuer, le directeur exécutif de ‘UN Watch’, une ONG basée à Genève mandatée pour s’assurer que l’ONU se conforme bien aux obligations qui lui incombent en matière de droits de l’homme, « la résolution menace dangereusement la liberté d’expression partout, même si elle n’est pas juridiquement contraignante ».
Il explique que si elle était adoptée, toute offense faite aux sensibilités islamiques serait bannie au motif susmentionné de « grave affront à la dignité humaine » et de violation de la liberté de religion. Les Etats-membres de l’ONU pourraient alors voir, à terme, s’éroder les garde-fous garants de la liberté d’expression présents dans leur propre « système légal et constitutionnel ».
« Il s’agit d’un texte ‘orwellien’ qui dénature le sens même des droits de l’homme, de la liberté d’expression, la liberté de religion, et marque un retour en arrière colossal pour la liberté et la démocratie dans le monde » dénonce H. Neuer.
Et d’ajouter : « Les premiers à souffrir seront les musulmans modérés dans les pays qui seront sous le coup de cette résolution, à savoir l’Iran, l’Arabie Saoudite, l’Egypte et le Pakistan, où les lois de blasphème sanctionnées par l’Etat répriment la liberté religieuse et proscrivent les conversions de musulmans à une autre religion ».
« Les prochains sur la liste de ce maccarthisme onusien seront les écrivains et les journalistes de l’Occident démocratique puisque la résolution cible les médias qui selon le texte « stéréotypent délibérément les religions, leurs adhérents et personnages sacrés’».
« En fin de compte, la notion même de droits de l’homme s’appliquant aux individus est en jeu. Les auteurs de cette résolution ne cherchent pas à protéger les individus de tout préjudice, mais plutôt à protéger un ensemble spécifique de croyances de toute question, de tout débat et de toute investigation critique ».
« L’expression même de ‘diffamation de la religion’ est une déformation » indique Hillel Neuer, pour qui « le concept légal de diffamation protège la renommée des individus, pas des croyances ».
Tout cela « requiert également un examen de la véracité ou de l’inexactitude des remarques récusées. C’est quelque chose sur lequel personne, et plus particulièrement à l’ONU, ne peut se prononcer ou s’engager concernant n’importe quelle religion ».
Le projet de résolution doit être soumis à adoption les 26 et 27 mars, au cours des deux derniers jours de la 10e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Un texte sur lequel 47 Etats-membres se prononceront.
« Etant donné que les Etats islamiques dominent complètement le Conseil des droits de l’homme, avec le soutien de membres non-démocratiques tel que la Russie, la Chine et Cuba, l’adoption de cette résolution ‘orwellienne’ sera tragiquement inévitable.
Tout ce que peuvent faire les diplomates européens et américaines, c’est d’essayer de faire basculer un grand nombre de pays latino-américains dans le camp de l’opposition (à ce texte) » explique enfin Hillel Neuer.
Original URL: http://www.guysen.com/articles.php?sid=9407
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