Témoignage de Hillel Neuer, Directeur exécutif d'UN Watch,
Conseil des droits de l'homme des Nations unies, « Dialogue interactif avec le
Rapporteur spécial Richard Falk », 10 Juin 2013.
M.Falk, dans la première page de votre rapport,
vous attaquez mon ONG et demandez à ce Conseil d'initier une enquête afin de
nous interdire.
Est-ce que votre rapport invoque un crime
quelconque ? Non, vous vous bornez à vous élever contre ce que nous disons.
Nous sommes le seul organisme de surveillance de l'ONU et nous rapportons ce
que vous dites. En représailles, vous tentez maintenant de nous faire taire
pour éviter d'être tenu responsable.
La véritable question est de savoir si votre
travail, mené sous la bannière des droits de l'homme, absout, en réalité, les
auteurs d'actes terroristes et les disculpe.
Pièce A, que voici : ce livre de David Ray Griffin, la bible pour ceux qui blâment l'Amérique à la place d'Al-Qaïda pour les attentats du 11 septembre 2001. Niez-vous que c'est votre nom sur la couverture et que vous saluez l'auteur pour sa « force d'âme », son « courage» et son « intelligence » ?
Comprenez-vous pourquoi le Secrétaire général
Ban Ki-moon, apparaissant dans cette salle en janvier 2011, a prononcé une
condamnation sans précédent envers expert de l'ONU, quand il a qualifié vos
remarques, je cite, de « grotesques, et un affront à la mémoire de plus de
trois milles personnes qui sont mortes dans cette tragique attaque terroriste »
?
Pièce B: "The Wandering Who» - ndlr « Le
Qui Errant », en référence à l'expression « The wandering Jew »,
Le Juif errant » - un livre condamné comme étant antisémite même
par le premier de vos propres partisans, Ali Abunimah de l'Electronic Intifada.
Niez-vous que, encore une fois, c'est votre nom sur la couverture qui l'avalise
? Comprenez-vous pourquoi le Foreign Office britannique vous a officiellement
accusé de racisme, à de multiples reprises ?
Pièce C: Votre article d'il y a deux mois,
tenant pour responsable de l'attaque terroriste de Boston qui a fait plus de
trois cents victimes, des morts et des
blessés graves, je cite, « le projet américain global de domination du
monde et 'Tel Aviv'. » Niez-vous avoir justifié les attentats comme étant
une forme, je cite, de « résistance » ?
Comprenez-vous pourquoi le Secrétaire général
a annoncé qu'il rejetait vos commentaires, disant, je cite, qu'ils
« portent atteinte à la crédibilité et au travail de l'Organisation des
Nations unies »? Et pourquoi cette condamnation a été reprise par la
Grande-Bretagne, le Canada, les États-Unis, et bien d'autres ?
Lorsque nous avons récemment présenté tout
cela à l'attention de Human Rights Watch, vous avez été expulsé de son comité
dans les vingt-quatre heures.
Enfin, selon un câble révélé par
Wikileaks, le 16 Février 2009, le délégué palestinien à ce Conseil s'est plaint
à son homologue américain au sujet de votre soutien pour le Hamas, en disant qu’
« il avait appelé Falk personnellement et lui avait demandé de démissionner, ce
que Falk a refusé avec colère ».
Donc, M. Falk, n'hésitez pas à
enquêter sur nous, je vous en prie - et
à enquêter sur le Secrétaire général, la Grande-Bretagne, le Canada, les
États-Unis, Human Rights Watch et l’État de Palestine. Je vous remercie,
Monsieur le Président.
Le Président du Conseil des droits de
l'homme de l'ONU, Remigiusz
Henczel :
Les Conclusions de Richard Falk (qui réitère son appel à « enquêter » sur UN Watch) :
Enfin, les propos diffamatoires qui ont été répétés ce matin ne font que souligner l'importance qu'il y a à mener une enquête pour savoir si une ONG qui est accréditée auprès de l'ONU a la responsabilité d'aborder ce qui est au cœur de ses préoccupations et non pas de s'efforcer de détourner l'attention des questions urgentes examinées dans le rapport.
Et ce qui est le plus désolant, c'est le fait
que les fonctionnaires de l'ONU n'ont pas vraiment protégé le Rapporteur
spécial, ni son mandat, face à une telle diffamation.
Et cela me semble suggérer qu'il est
nécessaire, non seulement dans mon cas, mais en général, de protéger les
Rapporteurs spéciaux dans leurs efforts faits pour s'acquitter du fardeau de
leur mandat qui est de protéger des peuples vulnérables dans la mesure du
possible et de le faire aussi consciencieusement qu'ils le peuvent, souvent
dans des circonstances difficiles.
Le Président du Conseil des droits de
l'homme de l'ONU :
M. le Rapporteur spécial, chers collègues,
permettez-moi de vous rappeler à tous que, conformément à la résolution 5/1 les
seuls critères pour qu'une ONG participe au Conseil des droits de l'homme est
que l'ONG soit dotée du statut consultatif auprès de l'ECOSOC – ndlr
Conseil économique et social des Nations unies -. Par conséquent, la
responsabilité qu'ont les ONG dotées du statut consultatif auprès de l'ECOSOC
relève du Comité des ONG de l'ECOSOC.
Par ailleurs, je continue à encourager les ONG
à discuter des problèmes avec le niveau approprié de dignité et de respect.
Cela signifie et implique que nous allons tous devoir respecter et tolérer les
arguments et les idées exprimées par d'autres et qui peuvent parfois être
déplaisants à entendre.
Traduit par Hélène Keller-Lind, Desinfos
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