Je remercie le Rapporteur spécial sur le droit à
l'eau potable pour ses rapports sur les îles Kiribati et Tuvalu, dont les défis
sont dignes d'un soutien international.
Madame le Rapporteur, nous aimerions vous demander
si vous êtes également disposée à examiner la catastrophe humanitaire qui se
déroule actuellement en Syrie.
Selon l'UNICEF, 10 millions de personnes - près de
la moitié de la population - n'ont pas un accès sûr à l'eau potable. Les fournitures
de chlore ont chuté de manière drastique, ce qui augmente la contamination de
l'eau du robinet. L'accès à l'assainissement et à l'hygiène se détériore,
menaçant la santé d'une grande partie de la population.
Madame le Rapporteur, l'UNICEF signale également
que les enfants sont particulièrement exposés au risque de diarrhée et d'autres
maladies d'origine hydrique. Les coupures d'électricité, les pénuries de
carburant et les dégâts d’infrastructure aggravent la pénurie de l'eau. A al-Qusayr,
l'eau a été complètement coupée en avril dernier, lorsque les combattants
pro-gouvernementaux du Hezbollah ont pris le contrôle de l'usine locale de
production d'eau.
Madame le Rapporteur, en tant qu'experte sur le
droit à l'eau et à l’assainissement, y-a-t-il une raison qui expliquerait
pourquoi la crise dévastatrice de l'eau en Syrie n’est pas dans votre rapport
de cette année, ni dans aucun de vos rapports précédents ? Avez-vous demandé à visiter
la Syrie ou les pays voisins, afin d’entendre les témoignages des réfugiés?
Je vois, sur le site Web des Nations Unies, que ces
dernières années vous avez publié 54 déclarations. Parmi ces dernières, un seul
traite de la Syrie - une déclaration commune d'il y a deux ans et demi, que vous
avez signé avec six autres experts.
Madame le Rapporteur, nous apprécions vos rapports
sur les îles de Kiribati et Tuvalu. Pourtant, on ne peut s'empêcher de remarquer
que l'île de Kiribati est l'une des plus petites populations dans le monde, moins de 100.000 personnes. Tuvalu en a
encore moins : une population totale de 10.000.
De manière générale, Madame le Rapporteur, ces
îles sont parmi les endroits les plus minuscules sur terre.
Je tiens donc à vous demander: par quelle logique
et méthodologie devrions-nous consacrer le temps et l’attention, rares et
limités, de cette organisation mondiale aux défis du changement climatique de
Kiribati et de Tuvalu, bien qu’authentiques et importantes soient-elles, au
lieu de la crise mortelle humanitaire qui affecte l'eau, l'assainissement et la
santé de millions de victimes à travers la Syrie et de millions de réfugiés
syriens dans les pays voisins ?
Trois ans après le massacre de plus de 100.000 personnes,
pourquoi est-ce que nous n’avons entendu qu’une poignée de déclarations sur la
Syrie par l'ensemble des experts des droits humains de ce Conseil ?
Trois semaines après la mort de plus de 1.000
personnes gazées à Damas, dont 400 enfants, pourquoi ce Conseil des droits de
l'homme a refusé de convoquer au moins une session d'urgence ou un débat?
Est-ce que le Rapporteur Spécial sur les droits de
l'homme et les substances dangereuses, que nous venons d'entendre,
envisage-t-il de traiter le stock de gaz sarin de la Syrie ?
Je ne dis pas que ce Conseil ne fait rien. Je sais
qu'il y aura une discussion lundi, prévue depuis plusieurs mois. Mais où est
l'urgence? Où est l'indignation?
Je vous remercie, Monsieur le Président.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire