7 nov. 2014

Le Président de la Confédération suisse répond au pourvoi des transfuges de Corée du Nord : les comptes bancaires du régime ne seront pas gelés à moins que l'ONU ne le demande

GENÈVE, 7 novembre – Comme l'a rapporté le Wall Street Journal, le Président de la Confédération suisse Didier Burkhalter a écrit dans une lettre adressée à UN Watch qu'il ne prendra aucune mesure pour geler les comptes bancaires suisses détenus par des personnalités du régime  nord-coréen à moins que « il y ait de nouveaux développements au Conseil de sécurité ».

« Nous sommes déçus », a déclaré Hillel Neuer, directeur exécutif de UN Watch, groupe de défense des droits de l'homme basé à Genève. « Nous nous attendions à plus de la part de la Suisse ».

Dans sa première lettre envoyée en septembre avec vingt transfuges nord-coréens au Président Burkhalter et présentée au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, UN Watch a souligné que « la Suisse n'a aucune raison juridique ou morale d'attendre avant de procéder à ces sanctions ciblées essentielles ».

UN Watch a exprimé l'espoir, cependant, que Burkhalter serait d'accord pour rencontrer une délégation de militants des droits de l'homme de Corée du Nord en visite en Suisse ce mois-ci.
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Lettre du Président suisse Didier Burkhalter au directeur exécutif de UN Watch, Hillel Neuer, en date du 29 octobre 2014 - Cliquez ici pour la version en PDF

Cher Monsieur,

Merci pour votre lettre ouverte du 19 Septembre 2014 signée par vingt transfuges nord-coréens concernant la situation des droits de l'homme dans la République populaire démocratique de Corée et concernant plus particulièrement votre demande faite à la Suisse de bloquer immédiatement tous les avoirs des dirigeants nord-coréens sur son territoire.

Comme vous le savez, la protection universelle et la promotion des droits de l'homme sont une priorité de la politique étrangère de la Confédération suisse prévue par la Constitution fédérale. Par conséquent, les questions des droits de l'homme sont intégrées dans sa politique étrangère globale et sont régulièrement traitées au niveau gouvernemental et dans les enceintes multilatérales.

Les violations graves et systématiques des droits de l'homme et les crimes contre l'humanité qui sont commis à une grande échelle dans la République populaire démocratique de Corée – comme cela est établi par la Commission d'enquête sur les droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée dans ses conclusions détaillées, bien documentées et complètes - sont une source de grave préoccupation pour la Suisse. Comme indiqué dans la lettre ouverte, ces graves violations des droits de l'homme doivent être traitées de toute urgence. Par conséquent, la Suisse soutient en particulier la recommandation de la Commission de saisir la Cour pénale internationale de cette situation.

La situation dans la République démocratique populaire de Corée a déjà conduit la Suisse à prendre des mesures, y compris des mesures juridiques. Le 25 octobre 2006, la Confédération a adopté une série de mesures coercitives afin de mettre en œuvre des sanctions qui avaient été ordonnées par le Conseil de sécurité des Nations Unies : l'Ordonnance instituant des mesures à l'encontre de la République populaire démocratique de Corée comprend une liste de douze personnes et de vingt organisations qui sont soumises à ces mesures coercitives, y compris un gel de leurs avoirs. En ce qui concerne les mesures coercitives, une action résolue et concertée de l'Organisation des Nations Unies est essentielle pour améliorer la situation et la Suisse est prête à adapter ses propres mesures juridiques s'il y avait de nouveaux développements au Conseil de sécurité.

La Suisse continuera également à exprimer sa vive préoccupation liée à la situation des droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée dans le cadre de ses relations bilatérales avec la République populaire démocratique de Corée, comme lors du dialogue politique qui aura lieu en novembre 2014 et elle continuera à participer activement aux efforts de l'Assemblée générale des Nations Unies et du Conseil des droits de l'homme pour améliorer la situation dans la République populaire démocratique de Corée.

Cordialement

Didier Burkhalter

Traduit par Hélène Keller-Lind

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