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La Libye a présenté mardi à l'ONU son rapport global devant le Conseil des droits de l'homme. La Suisse a demandé au régime de Kadhafi de respecter le droit à la liberté d'expression, de supprimer la détention arbitraire et d'abolir la peine de mort.
Comme les 192 Etats membres de l'ONU, la Libye s'est soumise à l'examen périodique universel (EPU) lors d'un dialogue de trois heures avec les autres pays et les ONG. Les pays arabes et l'Iran ont pris la défense des progrès accomplis par le régime libyen.
Le vice-ministre des Affaires étrangères, chargé des Affaires européennes, Abdelati el-Obeidi, dirigeait la délégation libyenne. L'homme est connu pour avoir négocié au nom de Tripoli dans l'affaire des infirmières bulgares et pour résoudre la crise de l'attentat de Lockerbie.
L'ambassadeur de Suisse à l'ONU Dante Martinelli a formulé trois recommandations. Il a souhaité que Tripoli respecte le droit à la liberté d'expression et a demandé que les autorités libyennes abrogent "les articles qui criminalisent la liberté d'expression".
Accès aux lieux de détention
L'ambassadeur a relevé que "des centaines de personnes se trouvent en détention administrative alors qu'elles ont été acquittées ou ont purgé leur peine". Il a demandé à la Libye la fin des détentions arbitraires et de la torture.
La Libye doit accepter la visite du groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire et lui garantir un accès à tous les lieux de détention, a poursuivi le représentant de la Confédération.
L'ambassadeur Dante Martinelli a enfin demandé que la Libye instaure un moratoire sur les exécutions en vue de l'abolition totale de la peine de mort. Il a dénoncé les châtiments corporels, comme les amputations et flagellations, et recommandé de les "abolir dans les faits et dans la loi".
La demande d'abolition de la peine de mort a été reprise par de nombreux intervenants. Les pays occidentaux ont mis l'accent sur le respect des droits politiques. Les Etats-Unis comme la Grande-Bretagne ont dénoncé les cas de tortures dans les prisons et les restrictions aux libertés de presse et d'association.
Sort des migrants
Beaucoup de pays, du Nord comme du Sud, se sont inquiétés du sort des migrants en Libye. Certains ont dénoncé les déportations forcées, d'autres ont demandé que le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) reçoive une autorisation officielle de travailler et que les migrants aient accès à une protection internationale.
La Pologne a ainsi recommandé la mise en place par Tripoli d'un mécanisme juridique permettant aux migrants de recourir contre une décision de renvoi, les pratiques discriminatoires, la torture et les mauvais traitements.
Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères Abdelati el-Obeidi a répondu sur ce point en demandant aux Européens un meilleur partage du fardeau. "La Libye, dans une situation géographique difficile comme pays de transit, n'est pas le garde-frontière de l'Europe", a-t-il dit.
Une "parodie"
La Libye est libre d'accepter ou refuser les recommandations faites, mais des ONG ont souligné que le fait que le régime de Kadhafi ait accepté de se soumettre à l'examen du Conseil des droits de l'homme est en soi positif.
Une coalition de 30 ONG menée par UN Watch, a dénoncé le rapport présenté par la Libye: il ne vise qu'à "blanchir" le régime de Tripoli et "à dissimuler la pratique courante de la torture, la répression des journalistes et des opposants, les discriminations contre les femmes et les attaques visant des migrants", selon ces ONG. "Le fait que la dictature libyenne soit membre du Conseil des droits de l'homme est une parodie", a affirmé le père d'une victime de l'attentat de Lockerbie, cité parUN Watch.
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