Lundi 23 juin 2014
La Tribune de Geneve
Par Alain Jourdan
En quelques années, l'avocat canadien
qui dirige UN Watch a élargi l'audience de cette ONG basée à Genève et
consolidé sa réputation
A la tête d'UN Watch depuis dix ans, le
Canadien Hillel Neuer est un activiste des droits de l'homme
craint et redouté. Son ONG excelle dans l'art d'appuyer là où ça fait mal. Quand
la realpolitik commande, par exemple, aux Etats de ne pas s'éterniser sur les
violations des droits de l'homme en Chine, UN Watch passe à l'offensive.
Hillel Neuer aurait pu
continuer sa brillante carrière d'avocat entamée à New York dans un grand
cabinet pour se faire un nom et une fortune. Mais déjà à l'époque, il préfère
prendre la défense de la veuve et de l'orphelin. Il assure gratuitement la
défense des plus pauvres et parvient même à mettre en difficulté le
médecin-chef de la prison de New York qui a fait mettre un prisonnier à
l'isolement sous de fausses raisons médicales.
Le jeune avocat a un modèle. Au Canada, il a été l'élève et le protégé d'un militant des droits de l'homme connu est respecté, le professeur Irwin Cotler, ex-ministre de la Justice et surtout ancien avocat de Nelson Mandela. De nombreux dissidents à travers le monde ont fait appel à ses services. «Un jour, j'ai participé avec quinze autres personnes à un séminaire qu'il organisait. La question était: que feriez-vous si vous étiez directeur d'une ONG?» se souvient Hillel Neuer. Le jeune étudiant ignorait que son professeur venait de lui inoculer le virus des droits de l'homme.
Le jeune avocat a un modèle. Au Canada, il a été l'élève et le protégé d'un militant des droits de l'homme connu est respecté, le professeur Irwin Cotler, ex-ministre de la Justice et surtout ancien avocat de Nelson Mandela. De nombreux dissidents à travers le monde ont fait appel à ses services. «Un jour, j'ai participé avec quinze autres personnes à un séminaire qu'il organisait. La question était: que feriez-vous si vous étiez directeur d'une ONG?» se souvient Hillel Neuer. Le jeune étudiant ignorait que son professeur venait de lui inoculer le virus des droits de l'homme.
«Plaider devant le Conseil des droits
de l'homme, ce n'est pas plaider devant un tribunal. On a beau développer ses
arguments en présentant des preuves et des témoignages, on n'est pas sûr
d'emporter le jugement à la fin. Au début, j'ai été un peu dérouté», confie le
directeur d'UN Watch. S'il déplore les limites du système mis en place pour
inciter les pays à respecter la charte universelle des droits de
l'homme, Hillel Neuer refuse de considérer le combat comme
perdu. «Il nous reste la parole et c'est très important», explique-t-il.
Une tribune libre
Depuis qu'il est à la tête d'UN Watch,
l'avocat a lancé à Genève un Sommet des droits de l'homme qui offre chaque
année une tribune libre aux dissidents du monde entier. La Chine, l'Iran, Cuba,
le Vénézuéla, la Corée du Nord sont quelques-unes des cibles privilégiées de
l'ONG. «Un jour, un diplomate européen m'a éclaté de rire au nez parce que je
lui avais demandé pourquoi personne n'essayait de proposer une résolution sur
la Chine. Moi, je n'arrive pas à me résigner», explique Hillel Neuer.
«Ce pays représente 1/5 e de l'humanité et ses habitants sont privés du droit
de se rassembler. La presse n'est pas libre. On prélève des organes sur les
adeptes de Falun gong qui sont arrêtés et torturés de manière arbitraire»,
fait-il remarquer.
UN Watch et son directeur ont aussi
leurs détracteurs. A plusieurs reprises l'ONG s'est vu reprocher sa proximité
avec Israël et le Congrès juif mondial, notamment lorsqu'elle s'est attaquée à
Jean Ziegler. Les positions radicales du sociologue genevois à l'égard d'Israël
et son admiration pour Chavez et Castro sont le ciment d'une solide inimitié
qui perdure.
Proximité assumée
Interrogé sur la question
d'Israël, Hillel Neuer n'esquive pas le débat. «Israël peut être
critiqué comme n'importe quel autre pays. Ce qui pose problème c'est
l'acharnement dont le pays est la cible au sein de l'ONU. Kofi Annan et Ban
Ki-moon, eux-mêmes, l'ont dénoncé. Mais pour ce qui est de défendre Israël,
c'est le travail de ses ambassadeurs, pas le nôtre», répond le directeur d'UN
Watch.
Aujourd'hui, les communiqués de presse
et les campagnes orchestrées depuis Genève
par Hillel Neuer traversent les frontières grâce à Internet et
aux réseaux sociaux. Au fil des ans, les critiques d'UN Watch sur le système
onusien sont devenues moins radicales. Son action s'est recentrée sur le
soutien aux dissidents et la médiatisation des abus et des crimes commis par
les dictatures et les régimes populistes.
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